Interview sur la Formation Meditation-3C avec Yogi Navjeet (J.Y. Arsène) enseignant pratiquant et enseignant de Kundalini Yoga (selon Yogi Bhajan), de Adi Yoga (Indo-Tibétain) et de méditation.
MF : Vous proposez une formation de méditation « MEDITATION-3C™ »; C’est 7 week-ends répartis sur une année, soit 100 heures de formation pratique et théorique. Quelle est votre approche de la méditation et à quelles techniques de méditation les personnes sont-elles formées ?
Navjeet : Les humains méditent depuis la nuit des temps, de mille manières, car c’est une disposition naturelle. Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui s’y intéressent et pour des raisons assez différentes. Mais je rencontre beaucoup de personnes qui se déclarent insatisfaites de leurs efforts, incertaines, hésitantes et d’autres qui parviennent seulement à se détendre (ce qui est déjà formidable !) persuadées que c’est cela la méditation.
Je crois que c’est une question de méthode et d’objectif, l’un n’allant pas sans l’autre. La méthode a fait se preuves à travers plusieurs traditions qu’il convient de réadapter au monde moderne pour qu’elles soient utiles et nourricières. Quant à l’objectif, il est clair et doit être exprimé sans hypocrisie : se libérer des souffrances et atteindre un état de bien-être au sens littéral du terme.
J’ai la chance d’avoir commencé très jeune et croisé la route de bons enseignants. Mais ma plus grande chance a résidé dans la façon spontanée que j’avais de considérer la souffrance sous toutes ses formes comme une anomalie, une détestable monstruosité. Bien entendu, ce sentiment allait de paire avec l’étrange nostalgie d’un état sous-jacent ressenti comme lumineux, pur et bienheureux. Mon approche de la méditation s’est toujours nourrie du refus de la fatalité et de la quête de l’ouverture à cette réalité fondamentale, l’un induisant l’autre et réciproquement.
Réaliser cet état (non dans le sens de « fabriquer » mais de « s’ouvrir à cela ») semble être un objectif ambitieux. Pourtant on aurait tord de le croire présomptueux car c’est un appel du tréfonds de notre être auquel justement la non-réponse engendre des désordres ! On aurait tord de le croire inaccessible car la méditation nous conduit simplement à qui nous sommes vraiment en amont de nos stratégies d’évitement du bonheur. Tout est déjà là !
C’est dans cette perspective que les différents modules proposent un parcours encadré, expérimental et progressif soutenu par des enseignements traditionnels (d’origine yoguique et bouddhique). Ils sont reformulés pour s’adapter à notre mentalité et modes de vie occidentaux. L’aventure débute par la prise de mesure de la situation, celle de notre être et du monde, en goûtant de tous les sens « ce » que chacun est et vit. C’est la recherche de l’observation intense et de la présence autant que celle des conditions intérieures et environnementales favorables à une bonne méditation. Puis, viennent l’attention au souffle, la pratique du calme mental, celle de la vision pénétrante et la façon de conjuguer ces deux dernières pour permettre à la pleine conscience de s’inviter. Certaines difficultés de la vie peuvent parfois constituer des obstacles sur le chemin. Aussi, un module entier est-il consacré à des méditations ciblées en vue de les surmonter. Enfin, le dernier week-end sera consacré à deux jours intensifs de méditation émaillés de partages.
Nous ne devrions pas reléguer la méditation au rang d’une thérapie ou d’un nouvel opium. MEDITATION-3C comprend 100 heures de stage et je pense que c’est peu. Mais cela semble adapté à ce qu’une personne motivée peut donner. Quoiqu’il en soit, la clé du succès réside moins dans les stages que dans la pratique quotidienne d’une demi-heure minimum à laquelle chaque stagiaire doit s’engager.
MF : Quels ont été les enseignants ou maîtres qui ont compté pour vous ?
Navjeet : Il y en a beaucoup et la plupart sont inconnus. Parmi les plus connus j’aimerais citer Chögyam Trungpa qui m’apprit l’approche directe, inclusive et sans concession du Réel.
Puis le XIIéme Gyalwang Drukpa pour l’humilité, la discipline et la compassion à travers le Mahâmudra et le Dzogchen. Bien plus tard, Yogi Bhajan montra le bout de son nez avec son Kundalini Yoga si spécial pour me rappeler que je suis le conquérant de moi-même.
Lama Kunga compléta aussi mes connaissances dans le yoga des souffles. Mais mon tout premier maître fut mon grand-père, un paysan taiseux et ingénieux, fort comme un bœuf : Il m’a enseigné à marcher debout quoiqu’il arrive.
Évidemment, c’est un peu réducteur de citer des personnes car le Maître ou le Guru est avant tout une fonction cosmique susceptible de s’incarner dans toutes les formes de la Création. C’est ce que je vis en tous cas. Alors, me prendra-t-on pour un fou si je dis qu’une grenouille m’apprit à prononcer certains sons ? Qu’un mantra que je récitai dix-huit millions de fois fut un de mes plus grands guides ?
MF : Vous semblez avoir beaucoup de détermination, pourquoi est-ce si difficile de méditer régulièrement ? Faut-il en faire une priorité ?
Navjeet : Méditer régulièrement n’est pas forcément difficile. Les animaux, les plantes, les planètes n’ont aucun problème pour vivre en harmonie avec le Cosmos. Tous s’adaptent, inventent, évoluent… Nous seuls nous trouvons empêchés de réaliser nos rêves, de nous sentir simplement bien-aise, continuellement perturbés par nos émotions, nos ambitions, nos peurs. Jouir de la vie, quelque chose de tellement simple : impossible en raison de toutes ces barrières. Pourtant, chacun cache au fond de lui-même bien plus qu’un secret espoir : un secret savoir. Une intuition impérieuse qu’il existe au-delà des apparences et des conjonctures une réalité de soi-même bienheureuse, innocente, pure et lumineuse, une sagesse apte à transcender toutes les souffrances et à soulever des montagnes, un amour de tout joyeux et naturel.
La situation est la suivante : si vous écoutez cette voix (cette voie !) ne serait-ce qu’un instant, vous ne supportez plus d’être empêché. Vous désirez sortir du processus et retrouver la guidance de cette lumière intérieure. Alors oui, ce n’est plus si difficile de méditer régulièrement. La motivation est présente et vous soutient. Et, sans effort elle devient une priorité.
MF : Cette formation s’appelle « MEDITATION-3C™ », les 3 C ce sont les « C » de la Clarté, de la Conscience et de la Compassion. Est-ce que ce sont les trois qualités fondamentales que doit développer celui ou celle qui veut mettre la méditation au centre de sa vie ?
Navjeet : Ces trois qualités se développent naturellement lorsqu’on progresse dans la méditation. Chaque être humain est capable de clarté, de conscience et de compassion, ce qui ne signifie pas qu’il en use librement ou avec justesse. On peut donc les inviter, les stimuler, ou encore les développer. D’un côté ces qualités émergent de la pratique, et d’un autre elles deviennent habituelles lorsqu’on les cultive : elles font partie intégrante de notre état d’être et constituent le noyau d’une expérience bienheureuse de la vie.
Je voudrais insister sur la Compassion. C’est un peu la clef et le couronnement dans la voie de la méditation. La Compassion est aujourd’hui une nécessité absolue ! Parce que la Clarté nous montre directement le Cosmos en tant qu’unicité de tous les êtres et choses, il nous est impossible d’en exclure ne serait-ce qu’un seul atome. Ce rapport inclusif au monde est ce qu’on nomme la Compassion, une qualité consciente et non possessive qui surgit du tréfonds de notre être, en fait l’état ordinaire de notre cœur éveillé.
Source : https://www.meditationfrance.com/journal/article09.htm